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vendredi 15 octobre 2010

CHATILA : le film commence à se balader...



Voilà, je suis donc allé à Bologne (quelle belle ville !) pour montrer le film CHATILA, les femmes et les enfants... au Festival Terra di Tutti. Très bon accueil, salle pleine, on avait fait en sorte que le film puisse âtre diffusé avec des sous-titres en Italien, ce qui fait que désormais on aura aussi cette version à disposition. D'ailleurs, parmi le public, des gens d'Udine (pas trop loin de Venise) m'ont demandé si j'accepterais de venir montrer le film pour une manifestation qui est organisée chez eux, genre début 2011.

Ben j'ai dit oui... d'autant que c'est sans doute le seuil d'accès à un r
éseau de sympathisants de la cause palestinienne qui semble avoir de bonne ramifications dans toute l'Italie.

J'e
n ai profité pour aller me promener dans les rues de Bologne, visiter la Pinacothèque, qui regorge de chefs-d'œuvres des 13, 14 et 15ème siècles (on dit évidemment "Trecento, Quattrocento, Cinquecento...") et j'ai évidemment rapporté quelques photos, de la ville et de quelques œuvres du musée...

Nos amis normands du CRPL ont e
ux aussi organisé une projection je ne sais plus quand à Cherbourg.


Il y en a une autre le 5 novembre, 20h15, à l'Écran-Club/MJC de Saint-Chamond (c'est dans la Loire, c'est près de Saint-Étienne, et c'est des vieux amis à moi, Martine, Francis et une bande de joyeux compagnons).




La suivant
e, connue à ce jour, est celle du 17 novembre à Paris (Cinéma La Clé, rue du même nom, M° Censier-Daubenton) dans le cadre de la programmation de l'association Voir & Agir avec Politis.

Pas mal, déjà
... D'autres sont en projet aussi, et les amis suédois, Éva et Néstor à qui nous avons rendu visite il y a quelques semaines, l'ami Jean-Yves et moi, sont en train de travailler à une version sous-titrée en Suédois, porte ouverte sur toute la Scandinavie, et sans doute aussi une autre en Arabe, porte ouverte sur tout un vaste monde...


Voilà, d'autres nouvelles prochainement, il me faudra parler des perspectives de montage du film tourné au Cameroun et de mon film Burkinabé, pour lequel l'alternative est soit que j'y retourne pour un ultime tournage, soit qu'on se mette, Gérard et moi, au montage... On en saura plus dans les semaines qui viennent, il y a d'autres projets qui avancent aussi et mon énergie qui n'est pas du tout sans limite...

(à suivre), comme on lisait dans les hebdos de BD de mon enfance...

lundi 16 août 2010

La FRU, des archéologues, des artistes...



Oui, c'est le titre du film que je viens de terminer avec la belle complicité de l'ami Gérard. Un voyage en archéologie, du côté de La Chartreuse (environs de Chambéry pour les cancres en géo), pour lequel j'ai embarqué (en américain : embed...), outre l'archéologue Gilbert et son comparse suisse Louis, une romancière Mylène, un musicien Gilles et un illustrateur Alexis.
Une joyeuse bande, qui a vu la création d'un orchestre spécialement rassemblé pour la circonstance, le Magdazilien Archéoband... (on reconnaîtra de gauche à droite Mylène, Alexis, Gilbert et le chef d'orchestre Gilles) et au final un film non moins joyeux, mais aussi instructif.


On en apprend beaucoup sur ces groupes humains qui nous ont précédés, Magdaléniens, Aziliens... et se sont succédé il y a entre 14.000 et 11.000 ans avant nous, sur le site de la Fru, commune de Saint-Christophe la Grotte (Savoie)
Le film, tout juste fini, sera disponible à l'Auberge du Tunnel, à l'entrée de la voie Sarde qui offre de sacrément belles balades et la découverte des grottes qui ont donné leur nom au village.


Et si vous êtres des petit(e)s curieux(ses), demandez-moi, vous connaissez mon adresse !

(la photo panoramique en haut de l'article est l'œuvre de Gérard avec son appareil-téléphone magique, le dessin de l'orchestre est d'Alexis, la photo du bas est de moi...)

lundi 14 juin 2010

Après le voyage au Liban, avant les Magdazilens...*

* Magdaziliens est un néologisme construit à partir de "Magdaléniens" et "Aziliens",
deux populations de nos lointains ancêtres sur qui je commence un film ce lundi 21 juin
dans la Chartreuse (cf. les pages antérieures de ce blog)

Je rentre de Beyrouth où j'ai passé une semaine
plutôt éreintante mais surtout très riche !


A Chatila, les constructions s'empilent les unes sur les autres
du fait du périmètre restreint du camp (ou devrait-on plutôt dire "ghetto" ?)

D'abord, j'ai montré pour la première fois et à deux reprises le film "Chatila, les femmes et les enfants..." (les premières minutes de film sont là : http://www.youtube.com/watch?v=5TrIOZk01MA&feature=digest )

La première fois, c'est en présence du groupe qui m'avait sollicité pour aller là-bas avec la perspective d'un autre projet de film, une équipe de bénévoles d'une ONG de Base-Normandie,le CRPL (Comité d'aide humanitaire de la Vallée du Sarthon aux Réfugiés Palestiniens du Liban), qui aide les Palestiniens réfugiés depuis une dizaine d'années et avec qui, Jean-Yves et moi, avons visité plusieurs autres camps. Assistait également à la projection Abu Mudjahed, le directeur-fondateur du Children & Youth Center (CYC) de Chatila, qui est l'un des principaux protagonistes de ce film. Les réaction à cette projection, qui représentait pour moi un test, ont été très bonnes : émotion et propos politique reçus à 100 %, mon objectif semble donc atteint.
La seconde projection, quelques jours plus tard, a eu lieu au sein même du CYC, devant un public qui pour moitié ne parlait ni le français ni l'anglais, les deux langues du film. Pour moi cette projection était très importante, plus encore que la précédente parce que se déroulant dans le lieu même où j'avais posé ma caméra 18 mois auparavant.


Là encore, beaucoup de réactions, des Palestiniens regrettant que je n'en ai pas montré plus sur leurs conditions de vie misérables, et pas mal d'autres réactions de visiteurs étrangers disant tous que ce film est bien pour qui ne connaît pas cette situation. A la suite de la projection, le directeur du CYC (principal protagoniste de mon film) à prononcé un discours impressionnant de conviction pour raviver l'esprit de résistance parmi les siens.

Après ce voyage que j'ai trouvé très instructif, l'idée est devenue évidente de la nécessité de faire un nouveau film centré sur la question de la santé (de quelles maladies souffrent les Palestiniens réfugiés et quels sont leurs -maigres- moyens pour s'en prémunir ou se soigner).

C'est le cas grâce notamment à la richesse des intervenants que nous avons rencontrés, responsables d'équipements ou de centres de formation aux professions sanitaires, et c'est aussi pour montrer cette réalité qui est à la fois un constat de la gravité de la situation et l'évidence de l'engagement des Palestiniens à chercher et trouver des solutions, avec toute leur énergie et aussi le soutien qu'ils reçoivent, de manière toujours insuffisantes, des gens de la diaspora et des associations étrangères qui les accompagnent et les financent.

Nous avons pu visiter un hôpital dans un camp, et une école d'infirmières dans la plaine de la Bekaa, nous avons parlé longuement avec Rajah Musleh, un médecin palestinien responsable d'un centre de formation aux professions paramédicales.
Je prépare un texte pour présenter ce projet et rechercher, cette fois encore, les financements qui lui permettront de se concrétiser.

NB (sous beaucoup des mots colorés se cachent des liens vers des sites et/ou des informations concernant ces noms ou ces lieux)

Du pain sur ma planche, et des envies de continuer cette œuvre qui est sans doute un travail de fourmi mais qui me permet de comprendre pourquoi je fais ce métier avec enthousiasme, renouvelé à chaque fois que je vais ici et là montrer mes films, rencontrer des publics et partager avec eux des discussions passionnantes.

dimanche 25 avril 2010

L'appel pour le film "Shatila" (ou Chatila , en VF)



Appel pour financer le montage d’un film documentaire
que j'ai tourné dans le camp de réfugiés Palestiniens
de Shatila à Beyrouth (Liban)


Ce film est centré sur le "Chidren & Youth Center" (CYC), emblématique pour deux raisons : c'est le seul bâtiment à Shatila qui dispose devant son entrée d'un espace ouvert où les gens peuvent se croiser, s'arrêter et se rencontrer, c'est aussi un lieu où les enfants non scolarisés dans les écoles du quartier (payantes, même les écoles publiques) peuvent venir gratuitement recevoir des enseignements laïques, de la maternelle au niveau du brevet et même au-delà.

Financé par des dons provenant d'ONG étrangères, totalement areligieux mais absolument résistant, c’est aussi un endroit où l'on enseigne ce qu'est la Palestine, où l'on maintient vivante son histoire, sa culture, ses traditions. Il est dirigé par un homme de 62 ans, Abu Moudjahed, né en Palestine, qui a émigré de force en 1948 à l’âge de quelques mois au Liban au moment de la Nakba, et qui a investi toute son énergie depuis des années dans le projet et la construction de ce Centre.

Aujourd'hui plusieurs centaines d'enfants fréquentent le CYC régulièrement, où l'enseignement est prodigué par des bénévoles et souvent par des jeunes qui y ont été élèves.

Le film montre la vie dans le camp, il est construit autour de quatre personnages principaux :

- Abu Moudjahed qui connaît par cœur l'histoire de Shatila, celle de la Palestine et est une personnalité très respectée par tous les habitants du camp, de 0 à 100 ans...


- Abeer Kassem, 26 ans et qui prendra la suite d'Abi Moudjahed lorsque celui-ci passera la main. Elle est compétente, dévouée, motivée et rayonnante...

- Dr. Mohamed Khetib, médecin, sexagénaire également, qui a accompagné son vieux compagnon Abi Moudjahid tout au long de l'édification du CYC. Il a créé un musée de la Palestine dans Shatila, en rassemblant divers objets évoquant la vie d'autrefois, d'avant 1948, d'avant la Nakba.

- et enfin Nohad Hamamd, la lumineuse responsable de Najdeh, association de femmes installée non loin du CYC, dont l'activité se partage entre la formation professionnelle pour permettre aux femmes de postuler à des emplois qualifiés, et l'artisanat traditionnel (notamment la broderie, identitaire puisque ayant des motifs spécifiques correspondant à chacun des villages de Palestine).

J'ai tourné en deux fois, juin et décembre 2008, l'année des 60 ans de l'existence du camp, et le deuxième tournage a eu lieu au moment des bombardements de Gaza par l'armée israélienne, l'ambiance à Shatila était alors très chaude.

Le tournage de ce film a été autoproduit, dans le cadre d'une petite association de Bagnolet, "Chatila, les enfants de l'espoir", qui contribue à permettre au CYC de Shatila de survivre. Elle est présidée par mon ami Jean-Yves Boiffier, commandant de bord à Air France aujourd'hui à la retraite, que j’ai connu alors qu’il vivait à Bagnolet et moi à Montreuil. C'est lui qui a obtenu les billets d'avion au moindre coût. J'ai ensuite mis à disposition mon matériel, mon temps et mes compétences.


À la suite d'un autre tournage début 2009 au Cameroun, j'ai dû arrêter pendant 10 mois toute activité du fait d'une maladie contractée en Afrique, le neuro-paludisme. Dix jours de coma, deux mois de réanimation à l'hôpital Cochin et six mois de rééducation fonctionnelle pour retrouver mes capacités physiques et intellectuelles.

J'ai maintenant besoin d'un coup de pouce pour terminer ce film, il me faut rassembler 7500 € pour le montage et les finitions (étalonnage, mixage, établissement des deux versions, française et anglaise).

Ce film qui aura une durée d'environ 55 minutes sera diffusé largement dans les réseaux pro-palestiniens, mais aussi bien au-delà car je commence à être un peu connu dans pas mal de réseaux militants et du cinéma documentaire. Il ira dans des festivals, puis dans différents circuits de diffusion, à la rencontre des publics, sensibilisés ou non.

Je suis à la disposition de qui souhaiterait plus de renseignements sur ce film.

Toutes les aides seront prises en charge par l'association ACT Média Diffusion (Paris) qui gère les intérêts de mes films sans avoir ni les inconvénients ni la pesanteur d'une structure commerciale.

Si vous souhaitez aider ce film, merci de ne pas apporter de contributions de moins de 50 € (pour des personnes physiques) et de 100 € (pour des personnes morales), ce qui serait pour moi trop difficile à gérer. Je vous demande à l'avance de me le pardonner, car je sais que ce détail pourrait vous sembler une indélicatesse. Les contributions supérieures à ces montants seront aussi les bienvenues….

Chaque contributeur, personne physique ou morale, sera tenue au courant des résultats de cet appel, recevra un exemplaire (DVD à usage privatif) du film une fois terminé et pourra participer dans la mesure de ses moyens à le faire connaître.


Les contributions par chèque sont à libeller à l’ordre de AMD-Dype et à m’adresser à l’adresse ci-dessous.

Merci pour eux surtout, merci pour cet encouragement à mon travail !



Denys PININGRE, réalisateur

10 rue Jean Michelez

91510 Lardy

Tél : 06 75 60 86 88


Mail : ledenys@orange.fr

mardi 23 mars 2010

Vacances au milieu des gnous...

Il s'en est passé de belles, depuis les dernières nouvelles publiées...


Tout d'abord des vraies vacances : ben oui, mon amie Susan me l'avait proposé alors que j'étais encore piteusement allongé sur un lit d'hôpital, j'avais trouvé la proposition très généreuse (pas étonnant pour qui la connait...) et j'avais dit oui, ce qui prouve que, quoique assez amoindri, je n'avais pas perdu le Nord !

Et quelques mois plus tard, tandis que j'allais doucement vers un rétablissement quasi complet, nous voilà partis de conserve faire le tour de quelques uns des plus beaux parc animaliers de Tanzanie.

On n'est pas ici pour gloser sur les bestioles et leur conservation dans des lieux sublimes et des conditions idéales, mais n'empêche faut bien dire que ce genre de balade laisse rêveur et fait un tantinet gamberger sur le sort de notre planète, considéré à la hauteur d'un cou de girafe ou le regard plongé dans celui d'un éléphant.


Et c'est sans se laisser aller à envier la nonchalance des lions, la placidité apparente des hippos ou l'ingénuité des babouins, la complicité intéressée des gnous et des zèbres, la grâce indolente des gazelles de tous poils, et j'en passe, et j'en passe...





Et puis les hyènes qui se promènent nonchalamment à proximité immédiate des rassemblements de gnous et de zèbres, ça m'a rappelé cette formidable image qui qualifie si bien l'idéologie "néo-libérale" : le renard libre dans le poulailler libre. Là, grosso-modo, on y était !



Bon, pour qui voudrait en savoir plus, je tiens des photos par dizaines à la disposition des demandeurs, je peux même accéder à des demandes spécifiques pour les amateurs d'oiseaux colorés et/ou étranges (marabouts et bouts de ficelle, par exemple...), de rhinocéros, de buffles et je vous laisse imaginer le reste !

dimanche 3 janvier 2010

Retour d'Afrique



Déjà plus de deux semaines que je suis rentré d'Afrique ! C'est fou la facilité qu'a le monde à vous emporter, c'est fou l'aptitude qu'on a à se laisser emporter (par la foule qui nous traîne, nous entraîne...).

Pas si facile de raconter à chaud - ou à tiède, après ce délai - tout ce que ce voyage a été pour moi. Évidemment, il n'est pas indifférent, ce retour sur la terre africaine après dix mois, dix mois marqués par cette maladie contractée en janvier au Cameroun, et dont je sens encore les dernières séquelles. Évidemment il y a eu l'émotion forte des retrouvailles avec les amis de là-bas, qui tous étaient au courant de mon état, se sont inquiétés, ont chacun à sa façon prié, imploré, pour que je guérisse. Je ne crois pas qu'il y ait eu des sacrifices, mais de quoi puis-je être sûr...?


Et puis lorsqu'il y a un sacrifice (poulet, mouton...) ça veut dire que les gens mangent de la viande après... rien ne se perd, pas de gâchis...

Et finalement surtout des questions. Que suis-je allé chercher dans ce pays, depuis six ans que j'y retourne presque régulièrement ? Comme le sujet de mon film se trouve par la force (ou l'inertie) des choses modifié, perturbé, décalé par rapport au projet initial, je dois reconstruire un fil conducteur, et ça me pousse à creuser, à me creuser le ciboulot.


Juste avant de repartir, j'ai passé une soirée avec mon pote Didier B., et on a causé de nos histoires, celles de deux Français qui aiment beaucoup l'Afrique au point d'y aller tourner des films...

Bien sûr, on a des idées, on a des choses à raconter : montrer la situation de ces pays, de leurs habitants, chercher à s'inscrire en faux contre "ce qu'on dit", "ce que la télé montre", parler des restes bien vivaces de la colonisation et de ses nouvelles formes, dénoncer les agissements des corrompus et des corrupteurs, montrer les dégâts ainsi causés. Parler de l'envahissement par les Chinois, par les Américains qui nous doublent sur la droite, "nous, colonisateurs depuis si longtemps" qui aurions acquis une sorte de droit d'aînesse, d'ancienneté...

Oui, et encore diriger les projecteurs, l'œil de nos caméras vers les Africain(e)s qui ne cèdent pas à la fatalité, celles et ceux qui se bougent, qui mènent à bien des initiatives dans un contexte ou l'esprit d'entreprise par les locaux n'est pas, doux euphémisme, encouragé ? Et ainsi faire la démonstration qu'il y a de l'espoir, que l'avenir de l'Afrique est entre les mains des Africain(e)s...

Non mais la question à laquelle nous n'échapperons pas, Didier pas plus que moi, c'est : mais qu'allons nous chercher là-bas que nous ne trouvons pas ici, quelle est la curiosité qui nous pousse à y retourner encore et encore, puisque nous sommes des balayeurs (balayer d'un mouvement de caméra...), pourquoi ne balayons pas d'abord devant notre porte ?


J'ai des réponses depuis longtemps. Elle m'ont satisfait pendant des années. Je disais qu'aller en Afrique me faisait du bien, me permettait de renouer avec certaines valeurs disparues, enterrées depuis longtemps en occident, et aussi de me confronter à des civilisations, à des systèmes de référence tellement éloignés des miens que ça me bougeait, me perturbait et que ces turbulences intérieures m'étaient profitables pour l'exercice sacro-saint de la remise en question permanente...

Dans un autre registre, je me sentais comme investi d'une mission, celle de faire connaître dans mes contrées le mode de vie des Africains, frères et sœurs d'Afrique. Enfin, si l'on commence comme ça, on peut dérouler une kyrielle de réponses, sans jamais se poser la question centrale, celle du pourquoi nous, pourquoi je vais faire des films là-bas...


Je ne suis pas ethnologue, pas plus anthropologue, je n'ai pas lu tout Levy-Strauss, j'ai bien éclusé quand même les souvenirs et "impressions d'Afrique" de Miche Leiris (dans "l'Afrique fantôme", qui a été mon livre de chevet durant des mois et des mois), j'ai vu les films, lu les livres sur les Dogons après avoir passé du temps chez eux... Bref je ne suis pas un savant mais j'aime aller en Afrique et regarder ce qu'il s'y passe, trouver ce que je peux montrer avec "la bienveillance" généreuse qui caractérise mon attitude de cinéaste documentariste filmant en Afrique.


C'est sain, de se poser des questions... Pendant ce temps, là-bas, on plante des champs immenses d'OGM, on accueille à bras ouverts tout ce qui vient du reste du monde et qui concurrence déloyalement la production locale depuis qu'on a adhéré à l'OMC, et on envoie des nouveaux esclaves au fond des puits de mine pour "cueillir" les minerais précieux sans lesquels la fabrication de nos jolis téléphones portables ne serait pas possible...

Où je veux en venir, avec mes histoires ?

Je veux juste dire que maintenant que je vais aborder le montage de ces films, le camerounais de l'an dernier sur la souveraineté alimentaire et le burkinabé de fin 2009 (commencé cinq ans auparavant), j'aurai ces interrogations en tête, dont je ne sortirai qu'en cherchant, jusqu'à que je le trouve, le moyen de me les approprier et de les raconter, à travers les films, à qui voudra bien venir les voir.

Autrement dit, l'enjeu consiste à assumer ce que je filme et pourquoi je le filme, sans rester planqué derrière la caméra. Enthousiasmant mais pas gagné d'avance...